L’appartement est vide. Seulement s’égorgent des flux de fumées qui tentent désespérément une fuite vers les hauts-fonds. Au delà du plafond, dans les appartements voisins, au delà du sol, dans les rues, l’ivresse. Je ne suis pas dehors cette nuit, pas une fois de plus à sniffer les pavés, à m’extasier de trottoirs infâmes. Mais la décadence est belle et bien dans mon pieu. Quelque chose de beau et sublime qui m’arrache les tripes, un goût violent, qui pique comme les épines des roses qui blessent un cadavre. Rien d’extravagant pourtant. Seulement ma sacrée gueule et quelques cigarettes, de la musique en tire bouchon et mon âme qui tire la gueule. J’ai dévasté mon corps ces derniers jours, sans l’ombre d’une maladresse, sans un remord, sans filet ni sonnette d’alarme. C’est ça non, tenter la mort ? L’incroyable maladie qui nous pousse à toujours vérifier que l’on est en vie, en se coupant le souffle. Je vous l’ai dit, l’appartement est vide ce soir, tout comme moi, vidé d’amour, vidé des liquides. Comment vous dire que j’ai perdu mes muses ? l’une après lune. Putain, je pourrais me cracher dessus tellement je dois avoir la gueule d’un romantique pervers et sans couille. Mais j’adore le chaos, ce putain de sentiment qui fait que tout repart à zéro, dans les miasmes et dans la colère. L’appartement est vide ce soir, comme mon cœur, comme mes couilles, comme ma vie : dans le chaos, l’espoir. Il faut savoir tourner les pages de sa vie comme on referme un livre pour en ouvrir un autre. Terminer un texte et retrouver les vertiges de la page blanche. Et en plus de cela, il faudrait que je sois un bon écrivain? Sérieusement, allez vous faire mettre. Je n’ai plus la rage de mes dix-sept ans, cette écume qui montait le long de ma verge et qui bullait sur mes lèvres. Que l’on soit clair, vous et moi, je vous hais autant que j’aimerais vous baiser. La boucle est bouclée, comme on dit. Vous m’aurez eu, vous m’aurez possédé, vous m’aurez aimé et vous m’aurez quitté, comme un chien obsédé que l’on dégage de sa jambe. Finalement, est-ce bien vous le poison ? Telle est la question.